Horacio Blanco nous parle de la tournée européenne de Desorden Público 2025 "Les 40 ans de Desorden"

Desorden Público, l'un des groupes les plus emblématiques du ska latino-américain, célèbre cette année ses quatre décennies de carrière. Avec un son unique qui fusionne le ska et l'identité vénézuélienne, le groupe se prépare pour une tournée européenne où ils partageront leur musique et leur histoire avec des milliers de fans. Horacio Blanco, chanteur et leader du groupe, nous parle de son parcours, de l'évolution du ska, de leur prochain album et de ce que les spectateurs peuvent attendre de cette tournée.

Pourriez-vous présenter le groupe Desorden Público à notre public ? 

HB : Bien sûr, actuellement, Desorden Público est composé de huit musiciens. Nous sommes : à la trompette, Eduardo Martínez ; au saxophone baryton, Miguel Ángel Tovar ; au piano et aux claviers, Víctor Morales ; à la guitare, Harold Quevedo ; et les quatre membres les plus anciens: Óscar Oscarello, "El Magnífico", à la percussion ; Daniel Sarmiento, "Chaplis", à la batterie ; Yassin, le bassiste ; et enfin moi, Horacio Blanco, qui joue de la guitare et me charge du travail vocal.

Aviez-vous imaginé un jour que Desorden Público deviendrait une référence du ska et resterait actif pendant quatre décennies ? 

HB: Bien sûr que non. Nous n’avions aucune idée de l’ampleur de ce projet. Quand nous avons commencé, nous étions des adolescents, et comme tous les adolescents, nous avions des intérêts multiples. Nous n’avons jamais imaginé, durant ces premiers mois ou années de Desorden Público, que ce serait finalement l'argument professionnel principal de nos vies. Atteindre quatre décennies, sans vouloir paraître présomptueux, a été une expérience incroyable. Beaucoup de travail, des enregistrements d'albums, des participations à des festivals avec des artistes que nous avons toujours admirés et surtout, l'affection et la reconnaissance du public. Si je fais un bilan, il est extrêmement positif. Aujourd'hui, à l’aube de nos quarante ans, je ne peux que remercier.

Vous avez préparé une tournée en Europe pour célébrer ces 40 ans de carrière. Qu'est-ce que les spectateurs peuvent attendre en termes de répertoire ? Y aura-t-il des surprises ou des changements spéciaux dans la liste des chansons ?

HB: Nous sommes très ambitieux avec cette commémoration. Nous commencerons en Europe, mais ensuite, nous irons en Amérique du Sud, en Amérique centrale et aux États-Unis. En ce qui concerne le répertoire, il n'a pas été facile de sélectionner les chansons pour une tournée aussi importante. Nous savons que nous allons jouer devant des publics multigénérationnels, donc nous voulons faire un tour aussi large que possible de nos albums. Nous avons décidé de créer un medley avec des chansons emblématiques pour atteindre quarante chansons pour quarante ans. Bien que nous ne jouerons pas les quarante complètes, nous avons travaillé à les assembler pour que le show soit le plus représentatif possible. La surprise sera cette combinaison de chansons, quelque chose de très travaillé en répétition. De plus, comme il s’agit d’une tournée mondiale, le show sera totalement axé sur la musique et la performance, sans grands changements de tenues ou d'effets scéniques, car de nombreuses villes ne disposent pas de ces moyens.

En avril, vous sortez votre nouvel album, un hommage à la salsa des années 70 avec votre son ska caractéristique. Pourriez-vous nous en parler ?

HB: Bien sûr, l’année dernière, nous avons eu une réunion créative pour planifier la musique que nous sortirions en 2025. Il y a eu une tempête d'idées, et j'ai proposé deux alternatives. La première : faire un album de chansons inédites, comme Desorden l'a toujours fait au cours de son histoire. La seconde : faire un album de reprises. Quand j'ai dit cela, tous mes compagnons se sont tournés curieux, "des reprises de quoi ?" m’ont-ils demandé, et je leur ai répondu : "Et si nous rendions hommage à la vieille salsa, la salsa brava, la salsa des années 70, des chansons que nous aimons tous beaucoup et que nous amènerions à notre sonorité, en lui donnant notre touche ska ?" Là, tout le monde a souri et a dit : "Tu sais quoi, l'idée n'est pas mal, faisons-le." Nous avons finalement sélectionné six chansons représentatives de cette époque, d'artistes comme Celia Cruz, Héctor Lavoe, Ray Barreto et Cheo Feliciano. Ensuite, nous avons arrangé ces morceaux pour les adapter à notre son, en tenant compte du fait que ma voix est de type basse-baryton. Cela a été un défi, car je devais rendre hommage à ces voix spectaculaires, mais avec notre propre essence. L'album s'appellera Salsa All-Ska et sera disponible sur les plateformes numériques et en vinyle.

Le ska a une grande tradition en Europe, notamment dans des pays comme l'Espagne et le Royaume-Uni. Comment avez-vous perçu l’évolution du genre sur ce continent et la connexion du public avec votre musique ?

HB: Il est bien connu que les Européens ont un grand appétit culturel, toujours curieux et respectueux des spectacles musicaux venant de n'importe quelle partie du monde. En tant que Vénézuéliens, notre ska porte cette essence latino-américaine et, en particulier, vénézuélienne, ce qui le rend unique. Nous chantons sur les problèmes d'ici, et cela nous donne de la crédibilité. Nous montrons que nous venons d'ici et que c'est ainsi que nous voyons le monde, et voici nos problèmes, mais ce sont aussi nos rêves. Ce contexte dans lequel s'inscrit Desorden et le contenu de tout ce que nous prêchons a été, heureusement, très intéressant pour le public européen. Quand nous avons commencé à aller en Europe dans les années 90, il n'y avait même pas de Vénézuélien dans de nombreux endroits, au mieux un Mexicain ou un Cubain. Mais depuis une dizaine d’années, les communautés vénézuéliennes ont grandi dans toute l'Europe. Aujourd'hui, il n'y a aucun coin du monde où il n'y ait pas une communauté vénézuélienne. Aujourd'hui, nous avons pris cette responsabilité avec beaucoup d'affection de jouer devant nous, ce "grand nous" qui est le Venezuela global. C’est peut-être l’une des caractéristiques les plus intéressantes de cette tournée des quarante ans : nous sommes sûrs de jouer devant un public important qui portera le tricolore vénézuélien avec fierté.

Desorden Público a toujours été un groupe avec un fort message social. Comment voyez-vous l'impact de la musique aujourd'hui, notamment en période de changements politiques et sociaux ?

HB: Quand j'étais adolescent, la musique m’a donné une vision critique du monde, m’a aidé à faire face aux problèmes quotidiens et à réfléchir à mon engagement envers différentes causes. Chacun a ses convictions, mais il faut aussi faire face aux responsabilités du quotidien, comme la famille, l’économie et les services. Ce qui est important, c’est d’avoir une vision critique, qui nous rende plus conscients et solidaires. Donc, si la musique de Desorden a, à un moment donné, servi à la réflexion et que des gens ont dit : "Eh bien, regarde, en effet, je n’aime pas vivre dans la vallée des balles", par exemple, parce que La vallée des balles parle de violence et que cela a poussé quelqu’un à se dire "je vais être une personne de la non-violence", si une réflexion de cette ampleur a pu se produire au fil des ans, alors nous sommes plus que satisfaits. Mais nous comprenons aussi que la musique peut simplement servir à se divertir, à danser et à se déconnecter, et c’est tout à fait acceptable. Notre contribution est esthétique et poétique, et l’histoire jugera notre travail.

Pour finir, pourquoi devons-nous assister à l’un des concerts de Desorden Público lors de votre tournée en Europe ? 

HB: Parce que ça en vaut la peine, parce que c'est unique, parce que c’est un moment pour nous retrouver et nous embrasser. À bientôt au concert !

Détails du concert : DESORDEN PÚBLICO
Date : 25 mai 2025
Lieu : Pan Piper. 2-4 Impasse Lamier, 75011, Paris

Les billets sont déjà disponibles:  

https://my.weezevent.com/desorden-publico-europe-tour-2025-40-years-of-desorden

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